La vallée de la Creuse a commencé à se former dès le début du Quaternaire. Les alluvions, faites de sable et de galets de quartz, transportées à cette époque par les eaux courantes de la rivière, se retrouvent aujourd'hui à une centaine de mètres au-dessus de son cours.
C'est sur ces alluvions, dans un climat tempéré et un paysage forestier où dominaient les châtaigniers (20 à 40 % des pollens conservés), que les premiers hommes se sont installés à plusieurs reprises et ont abandonné de nombreux débris de quartz brisé ainsi que des outils sommaires.
Les traces d'un de leurs campements ont été mises au jour sur le site de Lavaud, près d'Eguzon. Le sol, empierré, était probablement abrité par une charpente de branchages recouverte de peaux : des trous de piquets et des accumulations de débris retrouvés à la périphérie de l'habitation font penser à la présence de parois souples.
Restitution de la hutte de Lavaud
La restitution de cette hutte a été réalisée en respectant scrupuleusement les données de la fouille. L'outillage retrouvé sur le sol de ce campement, implanté à la base de la plus haute terrasse de la Creuse, date d'environ un million d'années. Les techniques de fabrication de cet outillage, très archaïques, ont pu être retrouvées par expérimentation. Les galets étaient taillés à une extrémité ou brisés à l'aide d'un autre galet (le percuteur).
Les filons de quartz étaient cassés sur un un percuteur dormant retrouvé en place sur le sol de la hutte. Les débris étaient utilisés directement ou retouchés et transformés en outils (becs, grattoirs, museaux, etc.,). Aucun reste osseux de la faune chassée n'a été conservé dans le sol argileux acide.
Les industries acheuléennes
Ces objets ont été découverts en surface ou dans le sol des basses terrasses de la Creuse, de la Bouzanne et sur les plateaux environnants.
Ce sont des bifaces, outils efficaces au tranchant long, plus évolués que les galets aménagés qu'ils ont progressivement remplacés.
Ces bifaces, outils de pierre, en forme d'amande, façonnés plus ou moins totalement sur les deux faces, apparaissent en même temps qu'une nouvelle technique de débitage : la technique Levallois qui permet d'obtenir à partir d'une préparation particulière du nucléus, des éclats de la forme et de la grandeur voulues.
Contemporains des premières utilisations du feu, le biface et la technique Levallois ont été utilisés jusqu'à la fin du Paléolithique moyen (- 40 000 ans av. J.-C. environ).